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Voyage aux pays de nos ancêtres



 
Depuis le début des années 1700, les Sennegond se sont installés en bord de Loire pour y exercer le métier de Pêcheur.
Le quarantième anniversaire du cercle généalogique de Touraine a mis l'accent sur ces vieux metiers typiques de la Touraine et, avec nos informations ils ont réalisé la présentation ci-dessous qui résume bien le sujet.




La photo du haut a été prise au début des années 40. C'est le filet barrage.
Le dispositif était constitué d’un filet fixe maintenu par de gros pieux dont le bout taillé en fourche permettait l’accrochage au fond de l’eau.
Ce filet ne devait pas prendre toute la largeur du fleuve, le plus souvent il barrait uniquement un bras pour laisser libre passage aux bateaux.
Aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, un droit de pêche était accordé par fermage, effectué devant notaire. Plus le montant du fermage était élevé plus la quantité de poissons que l’on pouvait pêcher était importante. Maintenant c’est un système de concessions données par l’état contre redevance.
Au départ, les filets étaient réalisés avec du fil de chanvre (de récolte locale), maintenant le coton, plus résistant, l’a remplacé.
Au milieu de ce système était placée la partie mobile, sorte de carrelet relié à la toue cabanée.
Sur cette partie mobile des petits fils étaient reliés tous ensemble sur un morceau de bois tenu dans la main du pêcheur.
Le poisson arrivant sur le filet fixe, le suivait jusqu’à cette partie mobile qu’il faisait bouger. Ce mouvement se répercutait via les fils dans la main du pêcheur qui n’avait plus qu’à relever rapidement la partie mobile pour récupérer ces prises.
Avec l'aide de mon père, Michel Sennegond, j'ai essayé de reconstitué le système d'accroche du filet, à l'aide du shéma suivant :



Cette pêche se pratiquait par équipe de 2 personnes, la cabane servait d’abri pour prendre les repas et en cas de mauvais temps.

Maurice Genevoix a très bien décrit la manoeuvre de remonter du carrelet dans un de ses romans :
« Il a tiré d’une vive secousse le trébuchet qui libère le balancier, déclenche sa chute dans un long raclement. Entraîné par des poids de fonte, tiré par l’homme à plein biceps, il bascule par l’arrière, monte l’autre bout vers le ciel, arrachant le carrelet ruisselant. C’est un drame haletant et rapide. L’homme s’est jeté rudement à plat ventre, les pieds crispés sur les traverses, tout le torse hors de l’étrave, suspendu au-dessus du courant. Sous ses yeux une longue forme pâle, frénétique, se rue de toutes parts à la fois, d’un angle à l’autre, d’un travers à l’autre. Sa queue claque, gifle l’eau qui jaillit »

Ci-dessous une photo plus récente d'une toue cabanée et du carrelet.


 


A l’époque la pollution et l’introduction des silures n’avaient pas encore fait disparaître les espèces nobles : saumon, alose, sandre, brochet.
Ceux là étaient commandés à l’avance par les notables, ou vendus aux restaurateurs pour les préparer avec le beurre blanc, spécialité régionale.
Un vivier à l’arrière des toues plates, qui servaient à la communication entre la rive et le barrage, permettait de les conserver quelques jours.
Les espèces moins nobles : carpes, perches, mulets, brèmes, barbillons servaient à la consommation des pécheurs ou étaient vendus dans les villages voisins. Avec la démocratisation de l’automobile, ma grand-mère a même passé son permis de conduire, à plus de 50 ans, lui permettant de livrer les commandes et d’aller vendre le solde dans des villages plus éloignés.
Un autre type de carrelet servait, avec la toue plate, pour pécher la friture de Loire.
Un relevé de carrelet permettait de remonter un seau plein de friture, de quoi donner des complexes à beaucoup de pêcheurs à la ligne.
D’ailleurs depuis quelques années les pêcheurs professionnels ne doivent pas travailler le week-end pour ne pas gêner les pêcheurs du dimanche.


Il existait également un autre mode de pêche avec des nasses, ou verveux à coiffe selon le terme technique.
Le pêcheur allait les tendre le soir pour retourner les chercher le lendemain dès le lever du jour.
Là tout est question d’expérience et de connaissance des bons coins pour retrouver son filet plein.
Ces filets servent surtout pour les anguilles, mais on y retrouve aussi toutes sortes de variétés y compris parfois des castors ou des ragondins pris au piège.




Tous les éléments de ces nasses sont élaborés à la maison des arceaux aux filets,
même si les 2 premières photos sont plus un amusant moderne plutôt qu'une reconstitution des méthodes anciennes.





Nous avons retrouvé sur Internet une petite vidéo de 1930, qui retrace assez bien un moment de pêche tel qu'ont pu le vivre nos grands-parents et arrière-grands-parents, à voir en cliquant sur le lien ci dessous.

Pêche en Loire avec un filet barrage dans les années 1930


Ce n'est pas tout de savoir pêcher les anguilles, il faut ensuite les tuer et les dépouiller. Petite démonstration sur cette vidéo.



Depuis, les hommes de la famille on repris une partie du droit de pèche et essayent de faire revivre la tradition de la batellerie de Loire à travers une association : La Matelote qui, comme chacun le sait, n’est pas la femme du matelot mais une manière de cuisiner les poissons dans une sauce au vin.

En Touraine, une des spécialités culinaires est la matelote d’anguille au vin de Chinon, dont voici la recette (origine "Cuisine et terroir") :

Ingrédients pour la recette pour 4 personnes :
2 Anguilles pas trop grasses de 500 à 600 grammes,
30 grammes de pain,
30 grammes de beurre,
100 grammes de farine tamisée,
7,5 cl de marc du pays,
1 bouteille de vin rouge : Bourgeuil ou Chinon,
1 bouquet garni : thym, laurier, persil,
12 petits oignons grelots,
2 gousses d'ail,
quelques petits lardons,
quelques petites têtes de champignons blancs,
15 grammes de sel fin,
5 grammes de poivre noir.

Préparation de la recette.
Préparer et cuire les anguilles :
Dépouiller l'anguille, la découper en tronçons de dix centimètres environ de longueur. Mettre les tronçons à dégorger pendant une heure dans l'eau fraîche. Essuyer soigneusement les tronçons d'anguille. Les saler et les poivrer. Les rouler dans la farine. Les faire revenir au beurre chaud sans excès pour ne pas les faire brûler. Ils doivent légèrement dorer. Les flamber alors avec deux cuillerées à soupe de marc du pays. Mouiller de vin rouge à hauteur. Faire pocher doucement avec le bouquet garni sans faire bouillir, le vin doit tout juste frémir. Lorsque les morceaux d'anguille sont tendres sous le doigt, c'est qu'ils sont cuits. Compter environ 6 minutes par kilo d'anguilles. Les réserver dans une petite cocotte en terre tenue au chaud. Remettre la casserole à grand feu. Faire réduire le vin à moitié.
Préparer la garniture :
Éplucher les oignons et les faire cuire puis glacer au beurre. Faire blanchir les lardons quelques instants à l'eau bouillante non salée. Les égoutter puis les faire légèrement rissoler. Émincer les petites têtes champignons blancs. Ajouter la garniture dans le vin réduit de moitié. La laisser mijoter quelques minutes. Elle doit prendre le bon goût du vin. Celui-ci doit continuer de réduire encore un peu.
Glacer la sauce au vin :
La monter au beurre. Mettre 100 grammes de beurre dans la sauce. Le mettre par petites fractions. Pour faire la liaison, faire tourner le sautoir sur lui-même en lui faisant décrire des cercles rapides sur le fourneau, à petit feu. Saler et poivrer. Verser la sauce sur les morceaux d'anguille. La faire réchauffer sans bouillir. Accompagner le plat de quelques croûtons de pain. Les tailler en triangle et les frire au beurre aillé.